[ARGENTINE] Record (246,55 km/h) et photos

par Jean-Marie CLEMENT

Le 1er janvier 2014, l'équipe TopFly menée par Jean-Marie Clément a battu le record de vitesse sur un triangle de 100 km en volant à plus de 246 km/h de moyenne !

En cliquant sur "lire la suite ..." pour retrouverez le récit de ce vol (fichier IGC ) ainsi que de nombreuses photos prises depuis le mois de novembre accompagnées de commentaires détaillés.

 

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Vol du 28/12/2013 : 1430km


13h22 Cordon Esquel 2ieme ressaut, cap au sud après récupération très chaude
14h08 Les ressauts du Crodon d'Esquel vus de 60 km au sud, avec pseudo-lenticulaires, témoignage d'un saut hydraulique en formation
14h19 Structure sud Tecka au cap 120. Inutilisables pour nous, mais intéressantes pour le grand triangle
15h21 Au km 400 vers le sud, plus d'onde de ressaut, le saut hydraulique est bien matérialisé en bas par des rouleaux de Kelvin-Helmholtz (dans l'axe du vent) et l'ascendance se trouve là où ces rouleaux se terminent, souvent avec présence de rouleaux rotors (perpendiculaires au vent) et cirrus pseudo-lenticularisés (bord d'attaque très effiloché, par de bord de fuite). C'est du vol de plaine, à env. 60km du pied de la Cordillère.
 15h37 Splendire rouleau de KH avec pseudi lentille
 19h11 Retour, regardant vers le nord, un délire de Sc rotorisés et pseudo lentis du front du saut
 22h43 Le front du saut d'est déplacé vers le nord, prenant plus de vigueur et d'amplitude. Un délire. Les SCu de l'étage moyen sont liés à l'rorgraphier alors que les nuages de l?tage supérieur en sont totalement déconnectés.

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Vol du 30/12/2013 : A/R de 1000km vers le nord (difficile)

 


20h10 Ce volcan mythique (4700m) était ce jour couvert par une lenticulaire généré par un relief au vent, donc se trouvait en opposition de phase, donc pentes inutilisables, une parfaite machine à laver en mode essorage! De plus au milieu d'un convergence avec du vent du NW, heureusement bien identifiée et exploitée 6 km en avant des pentes. En toute tranquillité car en local de la piste en dur Las Ovejas. Mais quand même qu km 500 de la base, faut pas trainer!
 21h23  Sur le retour, l'apparition de rouleaux de Kelvin Helmholtz dans la région de Caviahue matérialise la présence d'un flux super critique, donc sans ressaut. Inutile d'insister, il faut continuer, le phénomène est apparemment local.. En fait, 30km plus au sud, l'onde de ressaut repart et nous montons à 7500m en 8 minutes.
 23h23 Retour au contact du premier ressaut de la chaine du volcan Chapelco, ce splendide "chorizo" (saucisson) nous ramène au bercail "pied au plancher" (Les gars de Perlan disent "pedal to metal!")

 

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Vol du 22/11/2013


Alignement des 2 volcans célèbres: Lanin et Villarica, le second étant un des 6 volcans au monde possédant un lac de magma visible proche du cratère.. Le voile du Lanin est trop beau et je décide d'aller voir de plus près.

Pour la première fois, un planeur est entré dans cet espace mystérieux entre le voile et la paroi. Notre cerveau s'est subitement vidé pour entrer dans un état second de béatitude.....
La vue du lac de magma est bouchée par la fumée.

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Vol du 08/01/2014 : triangle de 100km à 246 km/h, (record danois) - fichier IGC


21h13 Alignement de rotors le ong du Cordon de Esquel. La branche la plus longue du triangle est placée le long du bord d'attaque du saucisson et permet de regagner les 1000m manquants tout en maintenant une vitesse sol moyenne de l'ordre de 250 km/h.
 21h14 Panoramique de la situation. Les deux branches du triangle sont situées dans la descndance, lors de la 2ème, il faut absolument passer au-dessus du nuage sans le toucher (turbulences très fortes).
 
Les conditions semblaient propices pour un point de virage vers 500km au nord, le sud devant rester couvert. Le temps de laisser descendre le taux d’alcoolémie suite au réveillon passablement arrosé, de regarder le tableau des records nationaux (les conditions étaient loin d’être d’un niveau mondial), et de découvrir que la vitesse sur triangle de 100km ne m’appartient pas encore. Désolé, Ghislaine et Sidonie, je vais essayer d’arranger ça…

Il faut parcourir 450 km pour arriver dans la zone du triangle, et surprise, elle est couverte par un énorme strato-cumulus rotor lenticularisé dont le sommet est à env. 6000m, surmonté par un cirrus lenticulaire dont la base est à env. 8000m. Il faudra donc voler deux branches à l’intérieur de ce sandwich. Voir photo. Le bord d’attaque du système se trouve à 8km sous le vent de la longue branche du triangle, celle où l’on doit profiter de l’ascendance pour remonter à l’altitude de la ligne d’arrivée, les deux autres se trouvant dans la partie descendante de la sinusoïde. Un record du monde dans ces conditions est donc impossible, mais il reste l’espoir du national. Le vent est Ouest, bien orienté, pour 100-120 km/h, idéal. Ligne de départ passée à 7700m, plutôt mal car non à la Vne,  puis la première branche vent arrière dure 4min, sans problème ; j’aurais pu mieux négocier le premier point de virage et fais 1,3 km de plus, en arrivant trop vite (430 km/h sol). Pas facile de maintenir la concentration quand le vario est à -12 m/s ! C’est ma première tentative, on fera mieux la prochaine fois ! Pour la deuxième branche, je dois réduire la vitesse (théoriquement la Vne) car je dois passer au dessus de la tête du nuage, n’ayant aucune intention de terminer sous le parachute comme un célèbre pilote français en Nouvelle Zélande. Huit minutes plus tard, le 2ème point est tourné sans erreur, puis arrive la branche la plus délicate où il faut ajuster sa vitesse pour franchir la ligne d’arrivée moins de 1000m sous celle de départ. Une Vz moyenne de 6 m/s proche de la Vne (Vi 240 km/h) pendant quelques minutes permet de compenser le supplément de parcours dû au décalage de la ligne ascendante par rapport à ligne d’arrivée, située en dehors de l’ascendance, passée 110 m au-dessus du minimum. C’est chaud, très chaud ! Branche de 12 minutes qui semblent une éternité.
Record battu, je décide de ne pas retenter car d’une part je n’aurais pas gagné plus d’une minute en corrigeant le peu d’erreurs déjà identifiées, et d’autre part il est 17h et j’ai encore 500 bornes à faire pour rentrer, sachant que la météo prévoyait un faiblissement du système ondulatoire, qui m’a effectivement provoqué d’autres chaleurs entre 21h40 et 22h40, jusqu’à 1300m sol, en tout petit local de la piste de l’estancia Quemquemtreu. Causé par un régime supercritique large de 100km, où le ciel n’est plus qu’une succession de rouleaux de Kelvin Helmholtz, inutile de chercher les ressauts, il faut simplement avancer en ne pensant à rien, Mc calé à 2 m/s pour compenser le vent de face. Contact radio avec Jim Payne qui rentre sur le même parcours après une tentative de badge de 2000km, même problème, il est même descendu plus bas, et rentrera quelques minutes avant la nuit noire !
En conclusion, ce petit circuit est beaucoup plus difficile que l’on ne pourrait le croire. Il faut des conditions particulières, il est clair que les pilotes locaux (Chos Mallal) sont nettement avantagés puisqu’ils ont la vue directe du ciel, alors que les autres doivent se contenter de prévisions, plus un long voyage pour arriver sur place. Je reviendrai, c’était du plaisir à l’état pur !